Galerie le Plateau de Ganagobie - 2018 (100 photos)

Galerie le Plateau de Ganagobie -2014 (75 photos)

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Histoire du Plateau de Ganagobie

Ville Vieille (castrum de Podio en 1206) et Ancien accès au plateau | Prieuré | Eglise
Cloître et Bibliothèque - Sources liens et glossaire

Le Plateau de Ganagobie

Chêne YeuseLe plateau de Ganagobie longe la Durance et la domine de ses 350 m.
Il présente les dispositions d’un podium, une scène théâtrale, que souligne le nom médiéval du lieu : podio Ganagobie.

Le plateau se scinde en deux parties :
- A L'Est, côté durance, le « pays habité », conquis par le christianisme et qui abrite le prieuré.
- A l'Ouest, le « pays vide ». Dieux ne mettait personne à sa gauche.

Les anciens disaient que ce côté du plateau, constitué d'une chênaie, hébergeait toujours les puissances naturelles des premières religions. C'est pour cette raison que l'on ne s'aventurait dans le pays vide qu'en cas d'extrème néccéssité.

Cette chênaie et constituée majoritairement d' Yeuse. On parlera donc d'yeuseraie. Les chênes yeuse se distinguent par leurs petites feuilles caoutchouteuses et griffues qui ne tombent pas en hiver. Un tel chêne peut dépasser les dix mètres. Mais il a souvent l’aspect d’un arbuste sombre et buissonnant. C'est le chêne typique de la forêt méditérannéenne dont il a presque totalement disparu, victime de défrichement et de surexploitation.

Des temps des romains jusqu’au XIXe siècle, l’yeuse tint lieu de charbon et de pétrole. On la dépeçait pour les besoins des tanneries.

Nous sommes donc ici, sur ce plateau isolé en présence d'un biotope intact !

Anciennes carrières de meules

Carrière de MeulesIl y en a trois sur le plateau :
Une près de la fontaine aux oiseaux, une autre près de la chapelle Saint-Martin, et la plus grande au bout de l’allée de Forcalquier. Les meules que nous voyons ici, sont le résultat d'une extraction qui a échoué. Ce qui explique qu'elles soit encore en place.

Comment procédait t 'on pour l'extraction de celles-ci ?

Elles étaient détourées au pic. Si leur épaisseur correspondait à ’épaisseur du lit rocheux, elle étaient extraites à l’emporte-pièce. Sinon il fallait en décoller la face inférieure. On pratiquait alors à la base de la pierre des rainures dans lesquelles on enfoncait des coins de bois qui après arrosage gonflaient, ce qui suffisait souvent pour séparer la meule du sol.

On trouve au point haut des carrières un bassin muni d'une bonde pour l'écoulement.

Deux diamètres de meules était taillés ici. Des petites et des grandes.

Les petites étaient à vocation domestique pour moudre des céréales et du sel, les grandes, d'1m20 de diamètre et planes sur leurs deux faces, sont destinées à des moulins à huile.

Ville Vieille (castrum de Podio en 1206)

Rempart  Ville VieilleCe village ne fut occupé que sporadiquement, d’abord vers l’an 1000, pendant les terribles guerres locales consécutives à l’effondrement de l’empire carolingien, puis de nouveau aux XIIe et XIIIe siècles, période faste du monastère.

A l'extrémité Nord du plateau, se trouvent les vestiges d'un village fortifié sur sa partie Sud et fermer le plateau d'Est en Ouest. Le reste du village etait naturellement protégé par les a-pics vertigineux limitant le plateau.

Cette muraille fait 120 m de long. A son extrémité Ouest se trouve une tour circulaire dont il reste la base. En son centre est érigé un donjon-porte. A sa droite à l'Est on peut voir une grande salle ressemblant à une chapelle. Il s'agit en fait de la salle des gardes (fin XIIe).

Du village qu'abritait cette imposante muraille, il ne reste presque rien, sinon quelques vestiges de caves voûtées et de bas de murs. Le reste n'est qu'amas de pierres moussues sous un épais couvert végétal.

A l'extrémité Nord/Ouest du village en bordure du plateau, se trouvait une tour de guet ronde offrant une vue à 180° de la montagne de Lure, en passant par la vallée de la Durance et jusqu'à l'extrèmité Nord du plateau de Puimichel. Il n'en reste presque rien aujourd'hui. On trouve cependant deux petits caïrns bâtis sur ses ruines.

Ancien accès au Plateau

caladeL'accès au plateau se faisait jadis par l'Est. Un chemin caladé partait de la vallée de la Durance depuis la voie romaine, pour arriver sur le plateau au pied de l'abbaye au Nord de celle-ci.

La calade est encore en place sur quelques dizaines de mètres (voir photos).

Sur ce chemin, se trouve encore sous une baume un aiguier qui alimente une petite fontaine couverte. La sortie du chemin ouvre au nord du prieuré sur une série de tombes taillées à même la dalle rocheuse (voir photos).

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Le prieuré

PieuréDepuis plus de mille ans un prieuré bénédictin s’accroche à son rebord occidental. Un premier monastère fut fondé au Xe siècle par l'évêque de Sisteron qui en fit donation en 965 à l'abbaye de Cluny. Grâce à son rattachement à cette abbaye, le prieuré de Ganagobie constituait un pôle de vie, spirituelle, artistique, économique et culturelle. Il était partie prenante d’une superpuissance religieuse autonome, entretenant des relations avec toute l’Europe.

Le prieuré bénéficiait également d’une position privilégiée à proximité de la voie Domitienne qui était encore au Moyen-Âge largement empreintée car " la plus courte et la plus sûre ".

En 1215, le prieur de Ganagobie devenait évêque de Sisteron. Le monastère s'enrichit rapidement de donations diverses, notamment aux XIIe et XIIIe siècles, de la part des comtes de Forcalquier. Très prospère jusqu'à la fin du XIVe siècle, il s'affaiblit au XVe siècle.

Il connaît un certain renouveau pendant la première moitié du XVIe siècle, sous l’impulsion du prieur Pierre de Glandevés, puis est complètement saccagé lors des guerres de religion.

En 1562, les huguenots qui se sont réfugiés au monastère en sont délogés par le gouverneur de Provence. Celui-ci fait abattre la voûte de l’église et le logis prioral, pour éviter que les huguenots s’y installent à nouveau.

Au XVIIe siècle, Pierre et Jacques de Gaffarel (prieur de 1638 à 1660) (ce dernier fut le bibliothécaire du cardinal de Richelieu) sont à l’origine de la seconde renaissance du monastère. Il entre néanmoins dans une lente décadence jusqu'à la sécularisation en 1788, la vente comme bien national en 1791 et la destruction partielle en 1794 des bâtiments. En effet s'est en cette année 1794 que le directoire du district de Forcalquier fait démolir à la masse les transepts et le chœur de l'église ainsi que la partie orientale du monastère.

En 1891, le comte de Malijai cède les lieux aux bénédictins de l’abbaye Sainte-Marie-Madeleine de Marseille. Les moines déblaient l’église et le réfectoire, restaurent le cloître, mais doivent s'exiler en Italie en 1901.

En 1898, les mosaïques médiévales sont découvertes.

Le retour en France et l'installation des bénédictins à l'abbaye d'Hautecombe (Savoie), en 1922, assurent au prieuré une permanence d'un moine et d’un frère convers. La rumeur locale prétend que l'un d'entre eux reçut la confession de Gaston Dominici mais qu'il ne la trahit jamais.

En 1953, l'ouverture d'une route goudronnée facilitant l'accès au plateau permet d'engager de gros travaux. Les Monuments historiques décident de reconstruire l’église afin de mettre en valeur les mosaïques. Les pierres étant restées sur place, le chevet et les absides de l'église sont relevés entre 1960 et 1975, et les mosaïques romanes du chœur, restaurées en atelier, sont replacées en 1986. Parallèlement, des fouilles sont menées de 1974 à 1992.

En 1992, la communauté des moines « Sainte-Marie-Madeleine de Marseille », association Saint-Mayeul de Ganagobie, qui jusqu'à cette date habitait l'abbaye d’Hautecombe, s’installe à Ganagobie.
Actuellement, près de 20 moines habitent le monastère.

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L'Eglise

Eglise de GanagobieL'église, construite dans la première moitié du XIIe siècle, s'élève au-dessus de deux bâtiments plus anciens, dont les fondations ont été retrouvées par les fouilles des années 1960.

Elle répond aux canons de l'architecture romane provençale : la nef est longue de 17,7 m, en trois travées voûtées en berceau brisé. La nef actuelle se croise avec deux transepts, ce qui est assez exceptionnel en Haute-Provence.

A l’entrée, la tribune a conservé son escalier et son décor de masques (XVIIe siècle). Les deux transepts sont constitués d’absidioles. Le bras nord du premier transept est voûté en berceau brisé, comme la nef.

L’incertitude concernant le mode de couverture du bras Sud n’a pas permis de reconstituer la voûte, qui est simplement charpentée.

Les mosaïques des absides, exécutées entre 1135 et 1173 (Combat des vertus et des vices), sont un exceptionnel exemple de décoration romane de ce type.

Dans la nef trône une Vierge de Monticelli, peintre provençal du XXe siècle. L'artiste en fit don aux religieux en souvenir de son enfance, passée en grande partie dans la ferme voisine du prieuré.

La tour située dans l'angle Nord de l'église lui est antérieure et est probablement contemporaine du second état de l’église, au XIe siècle. Quelques portions de mur sont ornées de fresques de la fin du XIIe siècle.

La façade est plate, sans ornement architectural. Les contreforts placés à l’angle, fréquents en Provence, sont absents.

Le portail est surmonté d’archivoltes en arc festonné brisé qui paraissent d'inspiration mozarabe, comme les mosaïques qui ornent le chœur.

Le tympan, cantonné d'un cordon de bâtons brisés, est orné d’un Christ en majesté, dans une mandorle, encadrée du Tétramorphe (symboles des quatre Évangélistes), le tout en bas-relief. Les douze apôtres sont sculptés sur le linteau.

L’influence bourguignonne (Cluny étant située en Bourgogne) se fait sentir, notamment dans la position des animaux du Tétramorphe, qui tournent le dos au Christ.

Il est possible que le tympan soit un remploi et date du XIe siècle. Il ne devrait pas être postérieur au premier tiers du douzième. Il a fait l'objet d'importantes restaurations au XVIe siècle.

Le Cloître et la Bibliothèque

cloitreLe cloître roman est un petit chef-d'œuvre de grâce et de simplicité.
Le réfectoire, couvert de deux voûtes d'ogives, et la salle des moines ont été restaurés, alors que les autres bâtiments qui l'entouraient sont en ruine. Il est le seul cloître roman à subsister pour le département. Son angle sud-est est relevé entre 1895 et 1905.

Il ouvre par deux arcs larges et deux baies géminées sur chaque côté. Les chapiteaux sont ornés de bâtons brisés et de feuilles stylisées et sculptées à plat, l’un de masques humains. Le cloître est aussi orné d’animaux et, sur une colonne, d’un personnage debout et droit : peut être un abbé ou un saint. Il a dû être construit entre 1175 et 1204.

La bibliothèque du monastère Notre-Dame est riche d’environ 100 000 livres, soit cinq kilomètres de rayons. Creusée dans la roche du plateau sur plusieurs niveaux, elle a été aménagée et conçue afin d'assurer aux livres un niveau de température et d'humidité constant leur permettant une conservation dans les meilleures conditions. Son fonds ancien comporte huit mille livres, du XIIe au XVIIIe siècle.

Sources Liens et glossaire

Sources

http://www.randomania.fr/decouverte-du-plateau-de-ganagobie
http://balades.contingences.com/Les-enchantements-de-Ganagobie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Notre-Dame_de_Ganagobie

Liens

http://www.ndganagobie.com/

Glossaire

Abside | Absidiole | Arc festonné brisé | Bas relief | Baies géminées | Bâtons brisés | Frise en dents de scie
Mandorle | Mozarabe | Nef | Tétramorphe | Transept | Tympan | Voûtes d'ogive | Voûte en berceau | Yeuse

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