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Histoire de Viére ou Ville Vieille

L'Escale - VièreL'Escale faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Volonne.
Sur la rive gauche de la Durance, en face de Château-Arnoux sur la rive droite, L’Escale fut un port fluvial important durant l’Antiquité.
Il était situé au Bourguet et avant que ne soit construit le lac artificiel de Château-Arnoux, les découvertes archéologiques ont été denses et variées.
Ce port était idéalement placé à la jonction des voies terrestres provenant des Alpes-Maritimes et du delta du Rhône.
Le site est abandonné, semble-t-il au début du Ve siècle, puis repris au début du premier millénaire. Mais il n’est pas assuré, par manque de documents, que l’activivté ait été compètement abandonnée entre temps.
L’Escale, Scala, apparaît en 1060 et dans les années suivantes, grâce à des dons faits à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille par une puissante famille de Volonne qui possède de nombreux biens sur Volonne, L’Escale, Bezaudun, Dromon et Mirabeau.

Le village, le castrum et l’église Saint-Michel

Vière l'Escale 04Le château de l'Escale (castrum de Scala) était situé sur la colline dite Vière et également Ville Vieille à 1500 mètres à l’ouest du village actuel de l’Escale, à 738 mètres d'altitude.
En dehors du castrum de Scalla (L'Escale), on sait qu'il y avait deux églises sous le titre de Sainte-Marie et de Sainte-Consorce situées à Mandanmus ou Mandanuis et deux agglomérations, celle du bourg et celle du castrum.
Il y a donc, en ce XIe siècle deux communautés, l’une dans un castrum, l’autre à Mandanuis. Elles seront indépendantes jusqu’à la fin du XIVe siècle pour n’en faire plus qu’une au XVe siècle.

Le castrum est déjà cité au XIe siècle. Il est probable qu’il réinvestit un lieu d’observation et de défense construit à l’époque romaine. On y découvre en effet des débris de tuiles romaines et de dolia ainsi que des restes de murs typiques de cette époque.

Ce castrum ne dut jamais être bien considérable, mais sa situation sur un côteau escarpté, dominant au loin la plaine et commandant le chemin royal ainsi que le passage de la Durance, lui donnait une certaine importance stratégique.

Le château féodal fut pris et ruiné par les religionnaires en 1567. Après sa destruction, une maison seigneuriale fut construite un peu au dessous au Sud, parmi les autres habitations du village.

Extrait relevé (en vieux François) au sujet du château dans un document du 19 mars 1544 :

Vière l'Escale 04" ... En signe de haulte, basse et moyene juridiction, tient ledict deffandeur au dict lieu de l'Escalle une maison ou il habite, dict et appelée le château autrement fortaresse ou la court, non point simplement maison comme l'on appelle les maisons des aultres que n'ont eus semblable jurisdiction

En signe de démostration de ce que dict est dessus, et de haulte jurisdiction ledit château et fortaresse est pausé et situé au plus hault et eslevé lieu de ladicte ville dudit Escalle, joinct avec les murailles d'icelle ville et lieu ...

Ledict château et fortaresse est au dehors de ladicte ville, ayant une porte pour pouvoir entrer dudit château et fortaresse dans ladicte ville sans sourtir, sans passer par aultres portes ordinères quand bon luy semble, avec une aultre porte au dehors de ladicte ville pour entrer audit château en en sortir samblablement

Que ledict lieu et ville de l'Escalle est fermé et cloz de murailles tout autour aveques cryneaulx au dessus comme est aussi ledit château et fortaresse qui a samblablement cryneaulx tout autour, plus hault toutes fois et plus eslevés beaucoup que ceux de ladite ville, tenant aussi ledict château une tour au-dedans de fortaresse ayant troys portes, l'une au dessus de l'autre auxquelle l'on en peult monter sans eschelles en signe de haulte juridiction et supéryorité ... "

Le village n’était pas au sommet de la colline où s’élevait une tour de défense dont il reste quelques débris (voir photo n° ) mais un peu en contrebas au Sud sur une terrasse aménagée dans la pente.
Bien que le village fut ceint de murs avec créneaux, le comte de Carces le fit fortifier d'avantage en 1568 dans le but de garder la rive gauche de la Durance et de s'emparer de la Baume, faubourg de Sisteron.
On voit encore aujourd'hui, à fleur de terre, les restes de cet avant-mur et de ces fortifications qui faisaient de l'Escale une place si importante, nous dit Louvet " Que toute la province était réduite sous le service du roy, hormis Seynes et l'Escale qui étaient de difficile situation. "

Le village n’était pas au sommet de la colline où s’élevait une tour de défense dont il reste quelques débris (voir photos n° 28 et 29 ) mais un peu en contrebas au Sud sur une terrasse aménagée dans la pente.
Bien que le village fut ceint de murs avec créneaux, le comte de Carces le fit fortifier d'avantage en 1568 dans le but de garder la rive gauche de la Durance et de s'emparer de la Baume, faubourg de Sisteron.

On voit encore aujourd'hui, à fleur de terre, les restes de cet avant-mur et de ces fortifications qui faisaient de l'Escale une place si importante, nous dit Louvet " Que toute la province était réduite sous le service du roy, hormis Seynes et l'Escale qui étaient de difficile situation. "

Le castrum est ensuite cité en 1232 et 1236, castrum de Scala. En 1315, l’Escale comprend 67 feux, soit près de 340 habitants, ce qui est relativement important par rapport à Mandanois qui ne compte que 29 feux.

Entre la tour et le village, subsistent aujourd’hui les ruines d’une chapelle dédiée à saint Michel (voir photo 32). Mais il est difficile d’y reconnaître une église paroissiale vu son exiguité et sa petitesse, incapable d’accueillir la population importante du XIVe siècle. L’Abbé Maurel (1) pense que ce qui subsiste de l’édifice est seulement l’ancien chœur de l’église.

Le cimetière de la communauté villageoise la jouxte. L’église est mentionnée en 1135 lors de la confirmation par le pape Innocent II des possessions de Saint-Victor, ecclesia parrochialis de Scala en même temps que la cella sancte Marie de Mandanvis. Elle resta paroissiale jusqu’au milieu du XVIIe siècle et devint ensuite une simple chapelle. A l’époque de l’abbé Maurel, Ville Vieille était déjà abandonnée et la chapelle sans service religieux. Aujourd’hui, il n’en subsiste que les murs latéraux sur environ 1 m de hauteur (voir photos 31 à 36).

Aprés la destruction du château, une maison seigneuriale fut construite un peu au dessous, vers le midi, et au milieu d'autres habitations. Ce qui en reste encore ne relève rien de féodal ni dans la stucture, ni dans la disposition.

Une source à faible débit, qui éxiste toujours (voir photos n° 20 et 21) naissant sur le flanc occidental du mamelon, fournit à peine l'eau nécessaire aux rares habitants.

Etymologie de l'Escale

carte IGNQuelle est la raison qui a fait appliquer à ce pays le nom d'Escale ?

Hypothèse 1 - Divers historiens et géographes croient la trouver, soit dans la disposition particulière des collines qu'on y rencontre, soit dans les sinuosités du chemin qui conduit à Vière.

En effet, Achard (2) nous dit : "que le pays est coupé par des collines qui forment une espèce d'amphithéatre, d'où lui vient son nom d'Escale, en patois Escaro (échelle). Feraud donne de cette dénomination une raison à peu près semblable. " L'ancien chef-lieu était le hameau de Vière placé sur une hauteur de forme conique et où l'on ne parvient que par un sentier tracé en zig-zags et formant une sorte d'échelle; c'est là proprement ce qui a valu à cette commune le nom de l'Escale ".

Ces explications sont vraisemblables l'une et l'autre; le pays est en effet coupé par quelques collines, le hameau de Vière est élevé et on y arrive par un chemin un peu rampant et faisant quelques détours. Ce sont la néanmoins des particularités assez communes à nos anciens villages de Provence, perchés pour la plupart sur des sommets parfois bien escarpés et où l'on ne peut arriver que par des chemins accidentés et sinueux.

Hypothèse 2 - Il semble néanmoins plus probable que le nom d'Escale aurai bien pu être donné à ce pays car c'était un lieu de relâche ou de mouillage où les bateaux qui descendaient d'Embrun à Peyruis sur la Durance, faisaient ordinairement escale pour passer la nuit.

En effet, la Durance était autrefois navigable. Les grecs de Marseille, ayant fondé une colonie à Avignon, remontaient le Rhône et la Durance dons les barques utriculaires pour opérer des ventes et des échanges avec les peuplades celtiques qui habitaient les bords des rivières.

Au moyen-âge, Peyruis et Cavaillon possédaient un port sur la Durance. On pense que le nom d'Escale fut donné à ce pays parce qu'il dut servir autrefois de lieu de relâche et d'abordage aux nombreux bâteaux qui sillonaient la Durance.

Les armoiries

L'Escale porte : De gueules à une tour carrée d'argent, mouvante du flanc dextre, sur laquelle est arboré un étendard d'or et une échelle d'argent appliquée contre la tour (3).

Sources

Archéo Provence
Bibliothèque Nationale de France - Gallica - Histoire de l'Escale par JM Maurel (1893)

Notes

(1) Joseph-Marie Maurel (1852-1926) - Historien et musicien. - Prêtre du Diocèse de Digne (ordonné en 1876). - Curé de Château-Arnoux (1883-1...), puis de Valernes (1902-1909). - Membre de la Société française d'archéologie et de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes.

(2) Claude-François Achard

(3) Les meubles du blason indiquent qu'on s'ent inspiré, en le composant, de la disposition particulière de cette tour à trois portes où l'on ne parvenait qu'au moyen d'une échelle (voir plus haut). On peut se demander, la encore, si cette tour ou forteresse existait déjà en l'an 1000, et si c'est elle qui a fait donner au castrum le nom de Scala, ou bien si c'est le nom du pays qui a fait entrer une échelle dans la composition de ses armoiries. Mystère ! ...

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